Au vu des révélations alarmantes sur l’impact sanitaire et environnemental des produits que nous utilisons au quotidien, les consciences s’éveillent.

Les consommateurs veulent accorder plus d’attention à leurs achats !

En effet, la chimie lourde et douteuse se retrouve aussi bien dans nos produits alimentaires, que cosmétiques ou encore ménagers.

Les applis de scan d’un produit : une initiative louable

Une idée géniale est alors née : des applications qui permettraient aux consommateurs de scanner la composition d’un produit.

Fini le diktat de l’incompréhension du charabia écrit sur les emballages !

Notre smartphone nous révèle enfin si notre produit est clean (ou pas…).

Ces applis disponibles gratuitement pour la plupart, peuvent nous accompagner partout et pendant nos courses !

Le but est donc de basculer sur une consommation plus responsable.

L’utilisation est assez simple, on prend en photo/scanne/cherche notre produit avec l’appli, et le tour est joué. Les vilains élèves sont montrés du doigt et n’ont plus qu’à aller au coin.

Allez au coin !

Mais il y a toujours un mais…

Mais voilà… Cette idée certes très louable est assez controversée.

Ces applis ne tiennent pas compte du pourcentage exact de chaque ingrédient dans la formule pour établir une note. Ces pourcentages sont en effet confidentiels à cause du secret de fabrication.

Par exemple si une formule contient dix ingrédients et que l’un d’entre eux est mauvais, la notation serait en gros de 9/10. Cependant cet ingrédient pourrait en réalité être présent à 70% dans la formule, ce qui donnerait au final une très mauvaise notation.

A l’inverse, si l’on introduit un conservateur synthétique à seulement 0,05% dans un produit, cela sera également biaisé. Et c’est ce que reprochent certains industriels.

Car seul le nombre d’ingrédients est connu.

Bien sûr les notations diffèrent selon les applis, nous verrons tout cela ci-dessous.

Par ailleurs, les industriels s’insurgent également du fait que certaines substances chimiques sont diabolisées alors qu’elles ne présentent aucun danger potentiel pour l’homme ou l’environnement.

C’est le cas par exemple de certaines silicones.

Mais si cela peut les obliger à remplacer ces ingrédients par du naturel, c’est quand même une bonne chose. A mon avis, il vaut mieux diaboliser des substances chimiques (car chimique reste chimique), que de sous-estimer leurs effets !

Ceci dit, ce qui est dommage c’est que les industriels remplacent souvent ces substances controversées par d’autres encore pire qui ne sont pas encore dans le viseur des médias (ex: c’était le cas du methylparaben remplacé par le phenoxyethanol soupçonné d’être un perturbateur endocrinien).

J’ai testé 4 applis pour vous

Passons au côté pratique de la chose… Voyons ce que cela donne en vrai pour les cosmétiques.

1.      Yuka

Créée en 2016 par trois étudiants, Yuka est l’une des applis les plus connues de scan avec 2 millions d’utilisateurs en 2018. Elle a commencé par l’alimentaire et s’attaque maintenant aux cosmétiques.

L’interface est sympa et épurée. Dès l’ouverture de l’application, il faut créer un compte. On peut notamment le lier directement à son Facebook.

Pour connaître la note de son produit il faut scanner son code barres en activant l’appareil photo. Cela a très bien marché pour moi dès le début.

Les autres avantages que j’ai trouvés à cette appli sont :

– la présence d’un historique (on retrouve les notations de tous les produits qu’on a scanné),

– une explication sur la raison d’une mauvaise notation c’est-à-dire le risque encouru pour la santé,

– une liste des différents types de produits dans lesquels on retrouve généralement les substances scannées,

– la traduction des INCI en français.

La méthode de notation comme expliquée ci-dessous se base sur les niveaux de risque des ingrédients.

La méthode de notation Yuka

Ensuite j’ai réalisé ci-dessous le scan de 2 produits, un « mauvais » et un « bon » :

Note Yuka du soin cheveux Franck Provost

En effet, j’étais consciente que mon soin cheveux sans rinçage qui me fait plutôt de belles boucles, est cochon-cochon.

Note médiocre 27/100 ! On peut également constater la présence d’un ingrédient « opaque », sûrement confidentiel pour le fabricant car son nom est codé (F.I.L).

Ensuite la crème pour le visage Taaj que j’aime beaucoup est notée à 93/100 donc une note « excellente ».

Note Yuka de la crème Taaj

J’émets cependant quelques réserves. Comme je vous en ai parlé dans mon article sur les INCI, l’ingrédient « Parfum » peut contenir des substances synthétiques et potentiellement dangereuses. Cette notation « sans risque » m’étonne.

De plus, la crème contient quelques ingrédients synthétiques comme le Ceteareth et les Acrylates.

Je saiiis, elle n’est pas totalement naturelle et je ferai des efforts pour en trouver une. Mais franchement c’est mon coup de cœur en crème « confort » et « cocooning » pour cet hiver.

(En prenant compte du réel pourcentage des ingrédients introduits, le fabricant nous assure une naturalité à 97%, c’est quand même très bien !).

2.      INCI Beauty

Je pense que c’est l’appli que je préfère, juste avant Yuka.

L’interface est vraiment sympa et claire. On peut soit scanner le produit, soit le rechercher dans la barre dédiée. On rentre par exemple son nom ou sa marque dans la catégorie concernée.

Je trouve cette fonctionnalité vraiment pratique car c’est une alternative à l’appareil photo s’il fonctionne mal, ou si l’on n’a pas le produit sous la main.

La recherche pratique d’un produit sur INCI Beauty

L’appli possède également un historique des scans, et on a même accès aux commentaires des autres utilisateurs sur chaque produit.

L’utilisateur n’est pas obligé de créer un profil ou le rattacher à Facebook contrairement à Yuka. Et si le produit nous intéresse, il y a généralement des liens qui dirigent vers des sites d’achat.

En plus, si on clique sur l’ingrédient, on retrouve une explication complète de celui-ci et toutes les références scientifiques sur le fondé de sa notation.

Enfin, une mise à jour récente permet de faire une recherche par ingrédient et pas seulement par produit.

La notation s’effectue par catégorie de risques et codes couleur à l’instar de Yuka (ControverséPas terribleSatisfaisant et Bien).

Ci-dessous mes deux scans :

Note INCI Beauty du Soin Franck Provost
Note INCI Beauty de la crème Taaj

Doonc… Mon soin cheveux est toujours aussi dégueu (5/20), et ma crème pas mal (15,4/20), cependant moins bien notée que sur Yuka. Ce que je peux comprendre vu la présence d’ingrédients synthétiques.

Par contre seul bémol, c’est bizarre, je ne trouve pas de trace de l’ingrédient « Parfum » …

3.      Clean Beauty

Bon là on commence à chuter au niveau « qualité » d’applis.

Clean Beauty présente tout de même un gros avantage. Elle a été fondée par une équipe d’experts scientifiques dirigés par un docteur en pharmacie et cosmétologue.

Les informations données sur les ingrédients sont donc normalement basées sur de réelles études.

Cependant, je ne suis pas très fan de l’interface un peu trop « rose », pas assez punchy.

L’interface de Clean Beauty

Sinon, on a accès à un glossaire de tous les ingrédients cosmétiques avec des explications complètes ce qui est top. Et une fonctionnalité que j’ai trouvée intéressante également : on peut partager la notation de notre produit sur les réseaux sociaux, par mail ou SMS.

Maaaaiiis là où le bât blesse, c’est qu’au lieu de scanner le code-barres, il faut prendre en photo la liste des ingrédients souvent écrite en tout petits caractères… Donc il faut un appareil photo optimisé, beaucoup de lumière, un emballage plat dans l’idéal.

J’ai essayé tous les types d’emballage et de produits… et ça ne marche pas ! Bouuh…

Je ne suis peut-être pas douée, mais je pense que cette méthode pour scanner est loin d’être pratique.

Donc voici ci-dessous le SEUL résultat que j’ai obtenu pour TOUS les produits :

L’inconvénient de Clean Beauty…

Même pour mon soin boucles naze, j’ai obtenu ce résultat. Aucun ingrédient controversé détecté ? Alors que les autres applis nous affirment le contraire ?

A mon avis, c’est le scan qui a morflé. Faites gaffe donc aux résultats donnés par Clean Beauty

Par ailleurs, les allergènes sont présents dans beaucoup de cosmétiques et peuvent être issus de substances naturelles. Leur présence ne signifie pas que vous allez faire une allergie, chacun est plus ou moins sensible à une substance.

4.      Cosmethics zéro pointé

Donc là, nous pénétrons dans le côté obscur de la force…

Les applis de notation ont été créées à la base pour mieux informer le consommateur et le mettre en garde. J’ai l’impression que cette application fait tout le contraire.

En effet, malgré une interface assez sympa, pfiouu… Des produits censés être polémiques sont marqués comme « sans risques », sans explication aucune.

On a accès à la liste des ingrédients après un scan (qui marche une fois sur dix), ou avec une recherche par produits. Mais lorsque l’on clique sur un ingrédient, on tombe sur sa page Wikipedia en anglais svp. La page décrit la substance mais ne présente pas forcément ses risques ou sa naturalité.

La page du PEG qui s’ouvre sur Cosmethics

J’ai l’impression que c’est juste pour perdre le consommateur !

Ci-dessous mes scans :

Note Cosmethics du baume à lèvres Hello Kitty

J’ai fait exprès de vous montrer un baume Hello Kitty qui contient énormément de cochonneries.

Il est noté sans risques (d’ailleurs il n’y a pas de note sur 20 ou sur 100, juste une vieille coche verte), alors que tous les ingrédients que j’ai entourés sont synthétiques !

Note Cosmethics du soin Franck Provost

Sans surprises, mon soin cheveux est bien noté !!! Mais où va-t-on…

Donc je vous déconseille vivement cette application car elle risque de vous tromper.

En plus, le bouton « je le veux » bien visible nous dirige vers un lien pour directement acheter le produit. Achète petit pigeon ! Achète !

Pour finir

J’avais oublié de vous en parler mais ces applis présentent également un inconvénient. Sous un même INCI il peut y avoir une origine synthétique ou naturelle.

Par exemple la glycérine peut être d’origine végétale ou synthétique. Pourtant, cet INCI est toujours bien noté. Si un fabricant malin introduit une « mauvaise » glycérine cela ne sera donc pas visible sur l’appli.

A l’inverse, il existe désormais des molécules en version naturelles alors qu’elles étaient à la base synthétiques. Par exemple, le butylene glycol peut désormais être produit par biotechnologie et pourtant les applis le notent comme synthétique.

De plus, je ne le dirai pas assez mais naturel ne veut pas dire sans danger. Par exemple, un produit très bien noté mais qui contient trop d’huiles essentielles peut faire des dégâts sur les plus sensibles.

En bref, si j’ai une appli à vous conseiller : ça serait donc INCI Beauty. Yuka est bien aussi, en plus vous pouvez l’utiliser pour les produits alimentaires.

En général, même si elles ne sont pas parfaites et que les industriels les décrient, je trouve que ces applications aident quand même à trier les produits et à en choisir de meilleurs. (Sauf Cosmethics !)

Elles nous apprennent beaucoup sur les cosmétiques et facilitent la transition à une vie plus saine.

Cependant, on n’y retrouve pas l’évaluation des critères éthiques et des labels. N’hésitez pas à lire mon article sur les différents labels si vous voulez en savoir plus sur vos produits.

Enfin, ces applications pourraient proposer des alternatives aux cosmétiques qui sont très mal notés.

Et vous, que pensez vous de ces applications ? Avez-vous envie de les tester ?